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[Rue 39]. Les taxi clando dans une illégalité parfaitement organisée

Publié le 16 Sep 2014
par : Alaaji Abdulaay
Comment: 0
Tag: Taxis

Nous voudrions aujourd’hui introduire une discussion sur les taxi clando, un élément important du système de transport urbain. Ils sont présents à Dakar mais on les retrouvent dans d’autres régions du Sénégal généralement parce qu’ils sont les seuls moyens de transport disponibles.

Salam Wa Mbedmi,

De part la dénomination, j’ai la nette impression que le terme clando vient de l’expression clandestin en référence à une violation d’une règle prescrite. Le dictionnaire Larousse dit clandestin « ce qui se fait en secret ou en cachette, qui est en contravention avec les lois et règlements; qui se dérobe à la surveillance ou au contrôle de l’autorité ». Les taxi clando ont donc cette caractéristique d’être la plupart du temps mal en point.

Je me remémore encore de cette histoire que mon Oncle Massamba m’avait raconté lorsque nous étions en de bons termes. C’est une histoire vraie je suppose parce qu’il n’est pas le genre à me raconter des salades. Enfin, c’est ce que j’avais cru.

Un jour, alors qu’il était passager à l’avant d’un taxi clando, le chauffeur lui tendit une corde. Celle-ci provenait du dessous du tableau de bord du véhicule et il avait instruction de ne pas la lâcher. Le conducteur avait pris grand soin de lui détailler ce qu’il attendait de lui: « boul bayi boum biii, teuyal mako bou baakha baakh té boy wathie délomako. Diap si nak té dimbalé niou nioune nieup »

Comme à son habitude, Tons ne se sentit pas obligé de respecter la consigne. Au détour de quelques ruelles, il lâcha effectivement le bout de corde afin de chercher de la monnaie dans sa poche. Et vlan! Il y’eut un bruit qui fit sursauter tous les passagers parce que la coque du moteur traînait sur la chaussée. C’est finalement le juron ****** du chauffeur qui leur fit comprendre que le moteur ne tenait … qu’à une corde.

Soumis au registre des véhicules particuliers

Ce qu’il faut savoir des taxi clando, ce sont deux éléments principalement. Le premier a trait à la supposée illégalité dans laquelle ces types de transport sont confinés. Le second quant à lui renvoie aux tentatives menées ici et là par les chauffeurs aux fins de s’organiser et parfaire l’offre à la clientèle. En toute hypothèse et aux yeux de la loi, un taxi clando est classé dans le registre d’un véhicule particulier.

Ainsi, les taxi clando sont assujettis à la souscription d’une assurance de 18 000 francs chaque trimestre. En comparaison, un taxi doit nécessaire détenir un livret et payer des droits de stationnement (3 000 francs). C’est d’ailleurs l’argument soulevé lorsqu’on les interpelle sur les arrêts incessants sur la chaussée. Les taxis souscrivent également une assurance mensuelle de 21 000 francs, toutes choses refusées aux taxi clando.

Ce n’est donc pas faute de ne pouvoir s’acquitter de ces charges que ces véhicules restent des taxi clando. Leur volonté de se formaliser butte sur l’intransigeance des autorités en charge de la réglementation routière. Du coup, ils n’ont d’autres alternatives que de subir ces contrôles inopinés appelés « Opérations ». Selon les chauffeurs avec qui j’ai échangé, ils se déroulent tous les premiers mardi ou mercredi de chaque mois.

Je ne parlerai pas de raquettes au risque de me faire coller le délit d’outrage à agents. L’affaire Metzo Diatta du nom du producteur de la célèbre série télévisée « Dinama Nekh » est encore récente.

Eternel jeux du chat et de la souris

Les contrôles des agents ne sont aisés no pour les agents, encore moins pour les chauffeurs de taxi clando. S’il vous est arrivé d’assister à ce spectacle, il y’aura de fortes chances que cela vous rappelle Tom et Jerry. Au delà des stratégies individuelles pour s’y soustraire, les chauffeurs ont tout un ensemble de codes de communication. Par exemple, l’un des plus usités m’a t-on dit est la fameuse expression « fofou bakhoul« .

En cas d’infraction constatée, le chauffeur doit en principe s’acquitter d’une amende de 12 000 francs pour éviter la fourrière du véhicule. Il n’est sans doute pas interdit de marchander pour payer en dessous de ce montant et éviter d’être verbalisé. Dans ce jeu, un agent se démarque particulièrement et sa réputation, aux yeux du public ne souffre plus d’aucun doute. J’en ai eu la confirmation lorsque j’ai fait l’annonce de ce billet.

@bdulaye les chauffeurs ont tous peur d’un policier nommé Amoul Yakaar
— Tonton Diam (@PapeDiam) 10 Septembre 2014

Je n’ai pas encore eu l’occasion de le rencontrer bien que je me sois déplacé jusqu’au commissariat pour confirmer tout le « bien » qu’on pense de lui. Amoul Yakar signifie littéralement aucune chance. Aucune chance de le corrompre ou de négocier l’amende et donc mieux vaut ne pas l’avoir sur son chemin. J’attends de le rencontrer avant d’en dire plus.

Les clando essaient pourtant de s’organiser autant qu’ils peuvent notamment au niveau du rond point de liberté 6. Ils disposent de garages sous la coordination de coxeurs qui gèrent les arrivées et départs. Ils ont des tarifs fixés d’avance et desservent des zones qui ne sont pas couverts par les transports publics. Et élément de taille, les clients embarquent selon leurs ordres d’arrivée, à la queue leu leu

 

Alaaji Abdulaay Sekk

Kéneu si wambedmi

 

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